DES NOUVELLES DE RENÉ DEROUIN : UN PHARE SUR LE FLEUVE

DES NOUVELLES DE RENÉ DEROUIN : UN PHARE SUR LE FLEUVE

Oui le Fleuve toujours le Fleuve, la mémoire du grand Fleuve, du Saint Laurent, croisant la mémoire de l’enfance. René Derouin y revient avec ce projet urbain "Un phare sur le Fleuve". Les lecteurs de René Derouin, "l’enfance est un fleuve" ’Alain Kerlan, 2020, toujours disponible aux éditions Naufragés éphémères connaissent la part du fleuve dans l’oeuvre et la biographie de ce grand artiste québécois

UN PHARE SUR LE FLEUVE
DE RENÉ DEROUIN

Projet MaryRobert - Devimco

Découvrir des œuvres narratives qui viennent de loin, de la petite enfance de ce grand fleuve qui traverse le Québec. Nous le descendions et le réinventions par nos créations et notre imagination. Regarder ce fleuve immense avec son sable et ses côtes et ses rochers, ses îles et son histoire, et voir passer ses bateaux et ses eaux vers l’Atlantique. Des milliers d’hirondelles se déplacent au-dessus des courants d’eau en mouvement, comme une chorégraphie dansante cherchant les moustiques pour la survie de leurs petits. Elles reviennent à leurs cabanes, construites par des aliénés de l’asile de Saint-Benoît de la Longue-Pointe, avec vue sur le fleuve, sur un grand terrain où se trouvent des balançoires. Les patients contemplent les hirondelles, très heureux d’observer des oiseaux venir occuper leurs cabanes construites de leurs mains, ils en sont si fiers.

LE FLEUVE
À mon frère Robert

Samedi, le 15 juin 1949, je demande à mon frère Robert si samedi prochain il veut venir avec moi voir de loin sur le bord du fleuve. Je lui dis de ne pas oublier sa lunette d’approche et de demander à maman deux sandwichs et des biscuits, aussi ne pas oublier des coussins pour bien s’asseoir. Nous partons dans l’après-midi du samedi vers le fleuve qui est à côté de chez-nous, nous allons nous asseoir à côté de la grosse roche pour regarder passer les bateaux. Nous avons creusé chacun un trou pour y déposer nos pieds, assis sur notre coussin de grand confort. Et nous voilà assis les deux pieds dans l’eau du fleuve comme observateurs, notre idée est d’identifier de quel pays viennent les bateaux. Avec nos lunettes d’approche, nous surveillons le nom du pays d’où ils viennent. Dans un petit carnet, nous dessinons les drapeaux et, le soir venu, nous regarderons dans l’Encyclopédie de la jeunesse les pays d’origine de ces navires. Quand il n’y a pas de navires, nous regardons les Îles-de-Boucherville que nous connaissons bien puisque l’hiver, grâce à la traverse qui passe rue Saint-Just, nous traversons le fleuve pour voir de près ces îles où la glacière Brunette va chercher la glace qui est la plus transparente du fleuve et sans pollution. Pour nous, ce sont les îles du paradis que nous regardons de la Longue-Pointe.

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Photos de Lucien Lisabelle

1303, Montée Gagnon, Val-David, Québec J0T 2N0, Canada